• La dernière course / Immersion dans le martyr des greyhounds

    Bonjour à toutes et à tous,

    Ce jour, un texte très émouvant qui vous donne une idée précise de ce qu'endure les greyhounds.

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    La porte de la boîte de départ s’ouvre dans un claquement. Je suis ébloui une fraction de seconde, mais j’entends le bruit du moteur. La proie est en train de s’éloigner. Bien sur, cette bande de plastique blanc n’est pas une vraie proie, mais l’instinct qui court dans mes veines m’oblige à la rattraper pour la tuer. La muselière qui appuie douloureusement sur mon nez vient gêner ma vision, mais ce n’est pas grave. J’y vois assez pour courir derrière le leurre.

    J’oblique vers la corde, la piste est courte, je dois donner tout mon effort maintenant si je veux être le premier sur le « gibier ». D’autres coureurs me bousculent, je grogne rageusement pour les éloigner. Comme moi ils sont hypnotisés par la proie, les yeux roulent au bord de leur tête. Je sens mon cœur qui bat à se rompre. Mes enjambées extraordinaires avalent le sable de la piste. Je vais l’avoir !

    La dernière course /  Immersion dans le martyr des greyhounds

    Mes muscles craquent, à moins que ce ne soit mon dos. D’habitude je ne sens rien, mais aujourd’hui l’homme ne m’a pas donné les petites boules blanches qui ont mauvais goût mais qui m’enlèvent la douleur. Il n’est pas venu avant la course. Ce sont les autres hommes qui sont venus, ceux qui portent ce drôle de vêtement. Tous le même.

    Pendant les premiers mètres j’ai retenu mon souffle, maintenant l’air pénètre en hurlant dans mes poumons.

    C’est le virage, il y a un autre coureur devant moi. Le sable devient comme une surface lisse sur laquelle mes pattes volent. Je n’entends plus le bruit, les hurlements des humains massés au bord de la piste, je ne vois plus leurs faces grimaçantes, je ne vois plus leurs poings dressés ni leurs bouches écumantes d’insultes ou d’encouragements. Tout cela se fond en un immense tunnel bigarré parcouru par un ronflement syncopé.  

     

    La dernière course /  Immersion dans le martyr des greyhounds

     

    Je vais le dépasser. Il porte le même dossard que moi. Nous courrons pour la même écurie. Il est noir et blanc, moi je suis bringé. C’est ce que disent les hommes. Ma couleur m’importe peu. Je sens son odeur, elle est acre, il écume, il fournit le meilleur de lui-même, mais je vais le dépasser. La proie est pour moi.

    Je sens un choc derrière moi, à droite. Je bascule vers la gauche, vers la machinerie qui suit la piste, je ne peux pas me rattraper, je vais trop vite. La traverse métallique saute vers ma figure et une fraction d’instant plus tard je vois le ciel. Il est bleu. Les cris se sont tus un instant, mais ils reprennent. Je roule dans le sable, je ne peux plus m’arrêter

    Les autres me dépassent, sautent au-dessus de moi. Je grogne, mais je ne peux rien faire, la proie va m’échapper !

    J e suis immobile, je ne sens plus mon côté gauche. Ma patte droite remue, je ne peux pas la contrôler.

    Des humains s’approchent, je ne les vois pas, mais je sens le sol vibrer sous leurs pas.

    Le soleil se voile. C’est lui, l’homme, celui qui surveille tout. Les autres l’appellent l’entraîneur. Il fume un cigare éteint. Il sent toujours cette drôle d’odeur. Sa veste de cuir sent aussi la sueur, le chien, la mort.

    Il se penche vers moi. Il crie. Je n’entends presque rien, mais je vois la crispation de ses traits. Il se retourne, apostrophe d’autres humains, sans doute. Je vois ses mains, elles sont pleines d’un liquide foncé. Cela sent le sang. Il les regarde d’un air dégoûté et il les tend. On lui donne un tissu, il s’essuie, il se lève. Je le vois encore, son corps me surplombe. Il parle fort, fait de grands gestes.
    Il empoigne un des autres hommes et lui montre un papier. L’autre secoue la tête.

    Je sens des picotements dans ma patte avant droite. A gauche, toujours rien. Le sang hurle dans ma tête. Je vois une touffe d’herbe à quelques centimètres de ma truffe, je pourrais presque la toucher.

    J’ai mal. La douleur est arrivée, elle m’a transpercé. Là, devant, vers ma patte gauche : cela me déchire.  

    L’homme fait de nouveaux gestes. Deux humains se penchent, de ceux qui portent le même vêtement. L’un deux attrape mes pattes de  derrière, l’autre mes pattes avant, ils me soulèvent. La douleur explose jusque dans ma tête. Les hauts- parleurs aboient des annonces que je ne comprends pas. Ma tête traîne par terre, je sens les inégalités du sol.

    Ils me descendent dans un endroit sombre. Mon museau frappe les marches, mais j’ai si mal que je ne réagis pas. Ils me laissent tomber sur le sol froid, du béton comme le sol de mon box. Mais ici c’est différent, il n’y a pas les odeurs familières.

    La dernière course /  Immersion dans le martyr des greyhounds

    Ce lieu est froid, il sent une odeur que je n’aime pas. Je geins, j’ai mal, j’ai soif. L’un des humain s’approche, il me donne un coup de pied, puis un autre : son copain rit.

    Ils s’en vont, la porte se referme. Il n’y a plus qu’un faible écho des bruits de l’extérieur, il fait sombre.

    Mon cœur bat plus lentement, j’ai mal.

    Je sens le froid du sol qui pénètre en moi, je tremble, je ne peux pas bouger.

    La nuit tombe vite aujourd’hui, il fait de plus en plus noir, j’ai froid.

    J’ai mal

    J’ai peur

    J’ai si m…"  

    La dernière course /  Immersion dans le martyr des greyhounds

     

    N'oublions pas que ces merveilleux lévriers passent 20h sur 24h de leur journée dans une cage.

     

    Texte tiré du site levriers-en-detresse.org avec l'aimable autorisation de Catherine Madry, Présidente de l'association .

    Ouvrez les yeux sur ce que subissent ces magnifiques chiens , encore bien trop peu adoptés.

    Si vous souhaitez rencontrer et découvrir des greys à l'adoption, RDV au " Jardin des lévriers" dans la Nièvre.

    Plusieurs rescapés attendent une famille dont deux adorables whippets mère et fille à adopter ensemble.

    Merci pour eux. Comme le doux Mark, adorable greyhound rescapé des courses en Angleterre.

    La dernière course /  Immersion dans le martyr des greyhounds

     

    Contact: Catherine Madry:

    Tél: 06 71 65 65 65

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  • Commentaires

    1
    zibany
    Samedi 16 Juillet 2016 à 09:15

    cela est ignoble comment ses gens qui se disent "humains" peuvent faire ce genre de chose ....pour le FRIC !!

    "on peut laver sa robe, mais pas sa conscience "; proverbe Persan

    2
    campagne
    Samedi 16 Juillet 2016 à 19:46

    Aucun animal ne mérite ça

     

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